Anthony Humeau à l'UTMB

Anthony a vaincu le Mont Blanc et le 170km de l'UTMB

Retour sur l’UTMB et le grand raid de 170 km et 10000 m de dénivelé positif. Quelques Traileurs Deux-Sevriens se sont confrontés à ce trail hors norme.

C’est Anthony Humeau, qui répond aux questions de Running 79. Il nous raconte sa préparation et son graal avec sa participation à cette superbe course qui le faisait rêver.

Pour la petite histoire, nous avons discuté quelques fois de cette course et de ce tirage au sort qui le ferait participer ou non à cette course.

 

Yohann : Anthony, tu as été tiré au sort fin janvier de mémoire pour participer à cette course, comment s’est passé la suite de ta préparation ?

Anthony : J’étais super content mais comme je n’avais jamais fait ce type de distance. Je me suis décidé à prendre un coach afin de m’aider dans ma préparation. C’était un coach en ligne de trail in France. Ce n’était qu’à distance. Debriefing en visio tous les 15 jours puis autant de question que je voulais entre les deux. Il recevait via sa plateforme tous mes métriques quotidiennement (poids, sommeil, fréquence cardiaque au repos …) et il pouvait ajuster mon programme qui se téléchargeait sur ma montre.

De mon côté, ça me déchargeait de ça. Je n’avais pas à me poser de question sur ce que je devais faire, comment j’allais faire pour l’adapter si besoin. Psychologiquement, c’est un poids en moins.

 

Y : Bon entre nous, quand on est en Deux-Sèvres, on fait comment pour se préparer pour ce type de course et pour faire du D+ ?

A : (Rires) Entre mi-février et la course avec Miguel (mon coach), j’ai fait 250h d’entrainement, 3200 km (en comptant vélo et course à pied) et 57000m de D+. Pour le 79, près de chez moi, j’arrive à faire sur 2h 400 mètres de dénivelé, ce n’est pas énorme mais c’est déjà ça. Sinon je vais vers Champdeniers ou j’ai « ma petite côte » qui a 33 mètres de dénivelé sur 330m et je la monte et je la descends pendant 2h30 / 3h. Il y a plusieurs avantages. Psychologiquement, c’est top, tu travailles sur la lassitude et tu travailles aussi les quadriceps dans les descentes. Ce qui aide énormément aussi pour ce type de course

Je suis allé aussi à Mervent et j’ai fait deux stages en montagne. Un week-end dans le Massif Central et une semaine dans les Alpes.

Je m’entrainais environ 6 fois par semaine avec très peu de bi-quotidien (course à pied / vélo). Ça a permis aussi d’éviter la monotonie.

 

Y : Tu faisais combien de temps d’entrainement par semaine ?

A : La plus petite semaine, c’était 8h et la plus longue, c’était 25h lors de mon stage d’une semaine en montagne. En moyenne j’oscillais entre 15 et 16h par semaine.

 

Y : Tu as fait des courses de préparation ?

A : Oui j’en ai fait 2. C’est très important. Ça permet de tester le matériel, la nutrition et autres. Je suis allé à la course des Gendarmes et des Voleurs. Ça allait bien jusqu’au 30ème et après un coup de moins bien. J’ai compris 2 jours plus tard quand j’ai su que j’étais positif au Covid. Sinon physique au top.

Et le Val d’Aran, 105km et 6000 de D+. J’avais des jambes de feu et ça allait super bien. Mais j’ai fait quelques erreurs d’alimentation qui ont fait que j’ai dû abandonné. Ça m’a permis de rééquilibrer pour l’UTMB.

Pendant cette course j’ai testé le sac et le matériel obligatoire. Le sac faisait 5,5 kg environ dont 1 litre d’eau.

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Y : Tu as passé un peu plus de 41h en course, tu as dormi combien de temps pendant la course ?

A : J’ai dormi 45mn pendant la course. 5mn la première nuit. Alors que beaucoup décide de faire l’impasse sur le sommeil la première nuit, de mon côté, je m’étais dit que si j’en avais vraiment besoin, je dormirais. Et pendant l’ascension de la première grosse difficulté, je voyais ma moyenne chutée jusqu’à 450 mètres / heures (la moyenne de dénivelé gravie en une heure), alors que je m’étais fixé pour être dans les temps d’être aux alentours de 600-650 m / heures. Que je fais facilement en début de course. Les 5 mn ont été bénéfiques et je suis reparti sur mes moyennes prévues.

Le lendemain, je me suis endormi en courant dans une descente. Je me suis réveillé quand j’ai percuté le sol. Je ne me suis pas senti partir et donc je ne me suis pas retenu. En pleine journée, je ne l’ai pas vu venir. Globalement je me sentais bien. Je n’ai pas compris. Bref j’aurais pu me faire plus mal. Je me suis dit qu’il fallait que je dorme.

 

Y : Comment s’est déroulé ta course au global ?

A : Bizarrement mis à part sur la ligne de départ où je me suis dit que j’allais faire le tour du Mont Blanc, j’ai pris la course étape par étape en suivant mon plan de course que je m’étais imaginé et sur lequel j’avais travaillé avec le logiciel course generator (il est disponible ici). C’est un logiciel open-source qui permet d’importer un fichier gpx du tracé de la course et de rentrer de nombreux paramètres comme ta vitesse de footing sur le plat et autres. Et lui te calcules en moyenne le temps de course ainsi que les temps de passage.

Quand je suis arrivé le dimanche matin, je ne me suis pas rendu compte que j’avais passé deux nuits en course, j’étais décalé mais en prenant étape par étape, ça l’a fait.

En fait j’étais sur la réserve pendant les 70 premiers kilomètres. Après je connaissais la fin du parcours car j’avais déjà fait la CCC sur une précédente édition. Donc je savais que ça allait passer, car je n’avais pas ce stress de l’inconnu. Je me suis détendu et ça m’a permis de terminer avec plus de 5 heures d’avance sur la barrière horaire.

Après tout était timé, notamment au niveau des temps de pause pendant les ravitos pour ne pas passer trop de temps et ne pas se refroidir. J’ai beaucoup mieux gérer car au maximum je suis resté 2 h sur tous les ravitos de la course.

 

Y : Et cette arrivée alors ?

A : Arrête tu veux me faire pleurer ! Franchement c’est toujours une arrivée mythique, enfin pour moi. Car c’était mon rêve et que j’adore ce coin. En fait quand tu arrives à la Flégère, on vient de passer une partie très technique de 3km. Là, tu sais que l’arrivée est proche (environ 7km).

Mon fils a fait le dernier km et demi avec moi. C’était génial. Bon il n’avait pas trop le droit mais ils sont plutôt tolérants (par rapport à d’autres courses) pour que la famille finisse avec toi. C’est aussi important pour eux car ce sont les premiers à te soutenir pendant la prépa.

 

Y : Bon je sais que tu viens de réaliser ton rêve en terminant cette course, et tu es encore sur un petit nuage, mais quels sont très prochains objectifs ?

A : Franchement, je ne sais pas encore. Je vais peut-être faire le marathon de La Rochelle, et la Monna-Lisa des templiers avec mon épouse, mes cousins et leurs épouses.

 

Merci Anthony pour tes réponses et bravo pour cette superbe perf !

Date de dernière mise à jour : 03/10/2022

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