Bruno Guillot, la transpyrénea - 450 km en 10 jours
Bruno Ultratrailer et auteur.
Bruno est un ultratrailer qui va s'attaquer à la Transpyrenea. Une de ses particularités, c'est qu'il court avec des chaussures minimalistes (Five Fingers). Son autre particularité, c'est que, comme Philippe Paillaud, il est auteur de livre — Rien ne sert de courir... et pourtant.
Rencontre avec ce personnage éclectique avec qui on devrait parler un peu de running.
Yohann : Bruno, tu es coureur de longue distance, quelle course prépares-tu actuellement ?
Bruno : Oui, très, très longue distance. Enfin, je vais essayer. C'est la Transpyrenea. Cette année, il y aura 237 participants avec 23 nationalités différentes sur toutes les courses. J'ai été bénévole sur cette course en 2023 au CP de Cauterets. La course part du fort du Perthus et rejoint Hendaye par le GR10. Le GR10 est emprunté pendant 95 % de la course. Pour ceux qui font la plus longue distance, ils vont parcourir entre 870 et 900 km (erreur de parcours prise en compte, bien entendu). Ils ont 18 jours pour le faire, sans barrière horaire, et avec 75 000 mètres de dénivelé positif.
Pour ma part, j'ai été raisonnable : je ne vais faire que la course intermédiaire avec un départ à Bagnères-de-Luchon. Au total : 454 km avec 30 000 mètres de D+.
Y : 450 km en combien de temps ?
B : 10 jours.
Y : Ça te ferait des journées à 45 km sans compter le dénivelé, donc de belles journées en perspective.
B : Oui, c'est exactement ça : 45 km par jour minimum et avec environ 4 000 m de D+ par jour sur les 5 premiers jours.
Y : On ne peut pas dire que les Deux-Sèvres soient le département avec le plus de D+. Comment te prépares-tu pour ça ?
B : Déjà, je ne sais pas si on peut être vraiment prêt pour ce type de défi. J'ai beaucoup observé les coureurs quand j'ai été bénévole au CP en 2023. J'ai passé 8 jours à recevoir les traileurs, de jour comme de nuit. J'ai pris le temps d'observer leur état général, ce qu'ils portaient et plein d'autres détails. Je t'avoue que j'étais bénévole pour me dire qu'au moins j'aurais participé une fois à une Transpyrenea. Mais en fait, l'envie de la faire a été la plus forte.
Ça fait un peu plus d'un an que je suis inscrit. Au début, l'objectif était de faire du fond et d’essayer de réduire ma vitesse, car pendant la course on est chargé d'un sac d'environ 10 kg. J'ai 66 ans et, généralement, je tourne à environ 6 min au kilomètre sur les distances en dessous de 20 km en trail. Je cours depuis environ 50 ans.
Accumuler les kilomètres notamment, et voir comment le physique réagit. J'ai fait un premier test au Maroc en octobre dernier sur 5 jours, ponctués par le marathon de l'Atlas. Quand j'ai vu que, physiquement, je tenais le choc, je me suis dit : banco.
Depuis janvier, j'essaie de maintenir une vitesse d'environ 7 min au km et d'accumuler des heures de sport au quotidien. J'ai aussi ajouté du renfo en salle et j'ai pris un coach. J'ai d'ailleurs redécouvert certains muscles (rires).
Et concernant le D+, il y a le barrage de la Touche Poupard. Quand on part du pied du barrage, on arrive à faire des 500/600 m de D+ facilement. Sinon, le terrain de motocross de Buxerolles. J'ai la chance de pouvoir aller dans les Pyrénées, donc je peux faire des week-ends chocs en cumulant course à pied et ski de rando.
Y : Est-ce que tu auras le droit à une assistance pendant la course ?
B : Oui, c'est possible d'en avoir une, mais je n'en aurai pas. L'idée, c'est de garder un rythme proche du rythme physiologique classique : courir et marcher pendant la journée, et essayer de dormir plutôt la nuit. Tout va dépendre, bien entendu, de la façon dont on avance dans la journée.
Y : Tu as une particularité : tu cours en Five Fingers.
B : Oui, ça fait une douzaine d'années. Après avoir constaté que, sur des longues distances, j'avais du mal avec certains appuis et autres, j'ai cherché des solutions. Par l'intermédiaire d'un neveu, j'ai voulu essayer d'adopter une foulée plus naturelle. Il y a un livre qui a beaucoup contribué à ce passage : Born to Run de Christopher McDougall. Ça m'a conforté dans l'idée qu'il fallait que je change. Par contre, « patience est mère de sûreté », car il a fallu prendre le temps de s'adapter aux Five Fingers. La première fois que j'ai mis ce modèle, je sortais du 80 km du GRP qui s'était bien passé (finisher en 21 h). Dix jours après cette course, j'ai fait mes premiers 4 km avec un drop 0, et j'ai eu mal aux mollets. Donc la transition a été longue.
Y : Tu es aussi auteur du livre Rien ne sert de courir... et pourtant. Tu l'as sorti quand ?
B : Je l'ai sorti pour Noël 2021, mais sa sortie officielle a été en janvier 2022. Ce livre (basé sur la course à pied et le sport en général) montre comment le sport m'a aidé à passer les écueils de la vie, en me donnant de nouveaux objectifs sportifs, par exemple. Tant que le corps peut et que la tête a envie, on ne s'appesantit pas sur les choses passées et on avance. Sans le sport, je ne serais pas celui que je suis.
Quand je cours, pour m'aider à passer les moments difficiles, je repense à ce que j'ai écrit. Le fait de l'avoir écrit prouve que j'ai déjà été capable de le faire... donc ce que je suis en train de vivre, c'est un détail, car je sais comment le gérer. Et je me répète mon mantra : « Tranquille, ça va le faire », et au final, ces moments « dans le dur » passent plus facilement.
C'est un livre ultra positif : il y a toujours un moyen de rebondir. C'est ce que je voulais montrer.
J'ai écrit ce livre au départ pour mes enfants, pendant le confinement. Je voulais leur transmettre mon côté ultra-optimiste. Mais une fois écrit, je me suis dit qu'il fallait en faire autre chose, et j'ai pu trouver un éditeur.
Y : Où peut-on trouver ton livre ?
B : Sur les plateformes numériques, sur le site des éditions du Lys Bleu, ou encore Amazon, Cultura et la Fnac. En local, il est possible de le trouver à la librairie l'Antidote de Parthenay ou au magasin Foulées à Poitiers. Il est aussi disponible en livre numérique (ebook).
Y : Est-ce que tu vas tenir un journal de bord pendant ta course ?
B : Je vais essayer de m'y tenir, oui. Je vais aussi faire des photos. Je vais réaliser des portraits de chaque coureur que je rencontrerai, comme lorsque j'ai été bénévole sur le CP.
J'essaierai aussi de faire un post quotidien sur ma page Facebook. Priorité à la course, mais oui, j'essaierai de vous faire vivre la course au quotidien.
Y : Merci beaucoup Bruno et bonne course ! On va te suivre et t'encourager à distance.
Voici le lien pour suivre Bruno pendant son périple. C'est le dossard 304
Date de dernière mise à jour : 08/08/2025
Ajouter un commentaire